jeudi 14 février 2008

De plus en plus de courtes peines

On enferme les chauffards et les prisons dégorgent...

Suite à la loi pénitentiaire de 2002, des quartiers réservés aux courtes peines devraient voir le jour d'ici à 2009, pour un total de 300 places, et 2 000 d'ici à 2012.

D'après Claude d'Harcourt, directeur de l'Administration pénitentiaire, l'augmentation du nombre de détenus en 2007 serait due
notamment aux courtes peines prononcées pour des infractions routières.

Patrick Marest, secrétaire national de l'OIP, déplore l'initiative. " En 2000, tous les parlementaires étaient d’accord pour dire que les courtes peines étaient les plus contre-productives en termes de récidive, qu’il fallait leur trouver des alternatives. Or, depuis 2002, le nombre de courtes peines, justement, est passé de 10 412 à 16 366, soit 57,2 % d’augmentation ! "

Une véritable réflexion sur les peines alternatives et leur mise en place semble plus que jamais d'actualité...


Photo : prison de la Santé, à Paris

Condamner plus pour.... quoi au juste ?

Des prisons peuplées à 119% ? En France ? L'Administration pénitentiaire a dévoilé mardi les chiffres d'une surpopulation carcérale en hausse, et a présenté ses grands chantiers pour 2008.

En 2007, le nombre de personnes écrouées en France a augmenté de 6%. Entre 2007 et 2008, il est passé de 60 403 à 64 003, selon les chiffres annoncés mardi par Claude d'Harcourt, directeur de l'Administration pénitentiaire. Pour expliquer le phénomène, il invoque la multiplication des courtes peines pour infractions routières, l'absence de grâce présidentielle le 14 juillet dernier, Nicolas Sarkozy y ayant renoncé. Mais sur la loi instaurant des peines planchers pour les récidivistes votée cet été, pas un mot.

En comptant les condamnés bénéficiant de peines alternatives ou aménagées (bracelet électronique, placement à l'extérieur... ), on arrive à un total de 61 076 personnes incarcérées, pour 50 693 places disponibles. Soit un taux d'occupation qui frôle les 119%.



Plus de prisons...

Face à une surpopulation des prisons françaises et des conditions de détention largement critiquées, l'Administration pénitentiaire a présenté mardi ses grands chantiers pour 2008.

La solution miracle, pour le Garde des Sceaux Rachida Dati, moderniser le parc pénitentiaire en construisant de nouvelles places de prisons : sept nouvelles structures en 2008, dont trois établissement pour mineurs, et quatre structures pour adultes. Au total, 3050 nouvelles places. Mais l’encellulement individuel, qui devait prendre effet le 13 juin 2008, ne pourra pas être réalisé, a admis Claude d'Harcourt.

Le Parlement examinera après les élections municipales une nouvelle loi pénitentiaire basée sur les les préconisations d'un comité d'orientation mis en place en 2007 par Rachida Dati. Elle devrait, selon le Garde des Sceaux, " redéfinir les missions de l’administration pénitentiaire, les régimes de détention, les droits et les devoirs des détenus ". Une loi au sujet de laquelle Patrick Marest, délégué national de l'Observatoire international des prisons (OIP) s'est dit très inquiet.

... pour enfermer plus

L’OIP dénonce également l’augmentation du taux de détention : entre 2002 et 2007, il est passé en France de 77,1 à 102, pour 100 000 habitants, soit 32,3 % d’augmentation en cinq ans. " Depuis 2004, le Comité européen anti-torture a dénoncé le surpeuplement comme un traitement inhumain et dégradant. Mais force est de constater que la France, au lieu de faire cesser cette situation immédiatement, continue de remplir les prisons sans que cela n’émeuve personne " déplore Patrick Marest.

L'exclusion comme remède miracle, faut voir...